Dans les Cieux
Je suis un homme,
Qui n’a pas su t’aimer,
Je suis l’idiot,
Qui a vécu quarante ans à tes côtés
Sans jamais t’avoir dit qu’il t’aimait ;
L’homme qui dans cette zone de ce cosmos inconnu voit défiler sa vie
En un film étranger ;
Nous sommes des autres ;
Nous portons des visages qui ne sont pas les nôtres
Nous parlons une langue qui n’est pas la nôtre
(Mais seul dieu miséricordieux sait quelle langue était
mienne)
Il faut remarquer l’hypocrisie dans ce discours ;
Je suis l’idiot
Je suis l’hypocrite,
Celui qui est en train de faire le bilan d’une vie qui lui
est glissée entre les doigts avant qu’il franchisse le seuil de l’inconnu
Une vie qui a été apparemment la sienne
L’idiot que je fus
Ne peut même pas se voir dire qu’il
T’aime sans qu’il se mette dans la peau d’un autre
L’idiot que je fus se nourrissait de ta passivité engloutissante
L’idiot que je fus te blâmait pour son insécurité médiocre,
Son désarroi, ses déceptions, et ses questions sans réponses ;
L’idiot que je fus
A vu le visage d’une autre en lieu du tien alors qu’il passait à un autre monde
Et ne s’est même pas rendu compte qu’il passait
L’être que je fus
Un être consommé par se questions ultimes
Ses investigations de l’univers et ses énigmes éternelles
Des questions Qui m’envahissaient comme la fumée de la cigarette,
Brulaient mes poumons et me lèvres et acidifiaient l’air entre nous
Je m’imaginais un autre Sartre
Mais j’étais trop préoccupe par moi-même
Je ne pouvais supporter une Simone ;
Et les enfants ? Je me suis demandé
Et je me suis entendu résonner dans le vide ;
Les enfants m’effraient ;
Le lâche que je fus a eu une vasectomie sans qu’il te le dise ;
C’est le jour du jugement certainement
Et Dieu le tout puissant joue le bon policier
me laissant ici seul
Revoir la vie pitoyable que j’avais eue
Et l’être pitoyable qui fus chargé de haine pour soi-même,
Le fils de l’étranger a mule
Le Français Arabe dont les Français les Arabes se méfiaient ;
L’homme qui n’a appartenu nulle part et à nul autre être
Ici dans ce lieu, j’essaye de négocier ;
J’essaye de négocier avec cette force responsable de l’ ingénierie ce monde ;
Dans cette solitude encombrante j’ai appris que tout ce que m’effrayait du monde
Etait la solitude.
Jack Cendres
In Heaven
I’m a man, who did not know how to love you,
I’m the idiot who lived forty years by your side
Without ever telling you he loved you;
The man in this unknown corner of the cosmos
who Sees his life projected in a foreign movie,
We are others,
We wear faces that are not ours,
We speak a language that is not ours
but again, only God the merciful knows what language is mine?
One must note the hypocrisy in this speech:
I am the idiot,
I am the hypocrite,
the one who is in the process of making
a complete inventory of a life that had slipped between his fingers
before he stepped into the unknown;
a life that was seemingly his,
the idiot I was couldn’t imagine himself telling you he loved you
Without being in the skin of another,
The idiot I was fed himself on your engulfing passivity
The idiot I was blamed you for his mediocre insecurity,
his suffering, his deceptions and his unanswered questions;
the idiot I was saw the face of another instead of yours
as he was passing away and did not even know he was passing away;
The being I was consummated by his ultimate questions
the same way his body was consummated by the cigarette smoke
That burnt his face, lips and acidified the air between us,
I imagined myself another Sartre but was too preoccupied by my own self to tolerate a Simone
And the children?
Children scared me;
The coward I was had a vasectomy and never told you;
It is certainly judgment day today,
and God the all mighty is playing the good policeman
he left me alone in this place
Reviewing the pity life I had,
And the pity being I was
Charged with hatred for my own self,
The son of the foreigner on the mule
The French Arab who belonged nowhere and no one,
Here in this place, I try to negotiate,
I try to negotiate with this force that engineered this world,
In this cumbersome solitude I found out that all what scared me was this SOLITUDE.
Translation and illustration by Jamila Ouriour
t as raison chère joujou la solitude tue .
j adore tes poèmes