Poems by Jack Cendres ( WCM, issue #3)

Jack Cendres

 

La femme en grêle

L’un de nous avait dit

Que la vie est une série de coïncidences écrite à la faulknérienne.

Je ne me rappelle plus lequel de nous

Mais on l’a bien et bel dit

Mon père par exemple,

Tu sais comment est-ce qu’il a rencontré ma mère ?

Un marchand de textile qui faisait le porte à porte

Des compagnes Marocaines sur le dos de son mule,

Un nomade français d’origine portugaise et religion inconnue ;

Celle-ci tu la connais peut être ?

C’est une chanson

Une femme qui  donne du feu a un homme qui a froid

Ou peut-être alors qu’il faisait le porte à porte

dans le chaud comme le froid,

Une femme lui a versé un verre de lait

Chaud ou simplement un verre d’eau froid ;

George Brassens a célèbré l’auvergnat dans une chanson

Alors que mon père l’a épousée ;

sa tribu n’a pas objecté

C’était presque famine après l’invasion des criquets ;

et maman était une bouche de moins à nourrir.

Toi par exemple, j’ai failli t’écraser lorsque t’as croulé sous mes pieds

dans le chaos d’une foule enragée

Les machettes et les insultes se dressant comme des drapeaux,

Les torses   blindés de nudité et sueur ;

Les yeux démoniaques, les visages et les mains sales,

Tout ce que je t’ai dit ce jour-là : «  ce n’est pas une place pour les petites charmantes, »

Je t’ai regardée courir les sabots dans la main,

Je me suis rappelé que je devais  filer moi aussi ;

Trente ans plus tard, j’ai stoppé pour   toi ;

Il faisait très froid, et t’a monté

On s’est donné rendez-vous et on s’est  rencontré plus d’une fois,

J’avais cinquante ans et tu étais dans tes trentaines,

S’il ne faisait pas très froid et t’avais l’argent pour le bus ou un taxi serait on- rencontré

Si je n’étais pas dans mes cinquantaines t’aurais-je épousée ?

On ce moment alors que je suis en train d’écrire ce poème

A table dans un café en sirotant mon Nescafé ;

J ‘ entend un homme insultant une femme dans un soap-opera télévisé

Tu ne chantes pas bien ; tu es moche ; tu es laide ; ton sourire me fais chier ;

Je lève les yeux   vers l’écran et je vois une femme brisée et larmoyante ;

Je froisse le papier et je le jette dans la plus proche corbeille ;

Je manque ;

Les mots de l’homme brut résonnent tranchante

Et

Le visage de la femme se brise

en couleurs, fragments ; teintes et tons multiples ;

Et ça commence à pleuvoir

Une chatte mouillée plonge dans le gros panier des ordures ;

Je me suis mouillé moi aussi

Je me souris en me rappelant de l’expression anglaise archaïque : Il pleut des chats et des chiens ;

Je glisse pas très loin du grand barrel sous la pluie :

« Il pleut certainement des chats et des chiens,»

A dit une femme qui   faillit tomber en m’étendant la main  d’une voie amicale en accent Anglais;

Les paroles insolites de l’homme brut se répètent t comme un refrain et le visage écrasé devient de perles de pluies

J étend la main à la femme secouante

J’essaye de sourire à la blague en gratitude,

Je m’entends répéter en lieu ; «  tu es moche et froide !’’

Alors que le visage de la femme larmoyante devient grêle perçante…

Ecrite par Jack Cendres en ce jour de 5/24/ 14

 

A Woman Made of Hail

One of us said it

“ life is a series of coincidences written in a faulknerian style,

I don’t remember who said it

But one of us certainly did.

My father for example,

Do you know how he met my mother?

A textile merchant who did the door to door rounds in the countryside on his mule;

A French nomad of Portuguese origin and unknown religion?

It is a song,

A woman who gives fire to a man in the cold,

Or while he was riding a mule from door to door in

The countryside in both the summer and the cold;

A woman served him a glass of hot milk or glass of cold water?

George Brassens celebrated his Auvergnat in a song,

My father married her.

Her tribe did not mind;

It was almost famine after the locust invasion

And my mother was a mouth less to feed;

You, for example, I almost crushed you when you crumbled under my feet

Amidst the chaos of an enraged crowd

Machetes and insults erected as if flags,

Chests   with nakedness and sweat for armor,

Demonic eyes, soiled faces and hands,

All I  told you that day: “this is not a place for little cuties!”

As I watched you running, clogs in the hands,

I remembered I, myself, had to run

Thirty years later,

I gave you a ride,

It was cold, I stopped and you got in,

We set a date and met many times,

I was in my fifties and you were in your thirties,

Had it not been to the cold weather

Or had you had enough money to take a bus or a taxi

Would we have met?

Had I not been in my fifties, would I have married you?

At this moment, while I am writing this poem,

Sitting at a table in a café and sipping my Nescafe,

I hear a man insulting a woman in a televised soap-opera;

“You don’t sing well, you‘re ugly, you’re cold, your smile makes me queasy,”

I raise my eyes to the screen, and I see a woman broken in tears,

I crumple the piece of paper and aim at the closest trash basket;

I miss,

The words of the violent man resonate cutting

While the woman’s face breaks in multiple colors, pieces, hues and tones;

It starts raining;

A wet cat plunges in the big trash bin;

I feel getting soaked,

I smile at myself as I remember an archaic English expression: “It rains cats and dogs,”

I slip under the rain, not very far from the big trash barrel,

“It certainly rains cats and dogs!”

Says a woman, who nearly falls as she extends a hand towards me, in friendly voice and British accent

The insolent words of the violent man repeat themselves in a refrain

While the crushed face becomes pearls of rain

I extend a hand to the rescuing hand

I try to smile to the woman’s joke  in gratitude:

I  hear myself repeat in lieu: “You’re ugly, you’re cold…”

While the face of the tearful woman becomes piercing hail.

 

Translated by J.Ouriour

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